
La vie en Tornédalie dans les années 1730
L’expédition française est arrivée dans la ville la plus septentrionale d’Europe, fondée en 1621 cent ans auparavant, pour le jour de la saint-Jean en 1736. Le royaume de Suède vivait une longue période pacifique, et la population en Tornédalie connaissait une forte croissance.
Tornio – la ville la plus septentrionale d’Europe
Déjà avant la fondation de la ville, l’île de Suensaari à Tornio était un lieu de commerce établi depuis longtemps. La première mention sure au sujet du village de Tornio remonte aux années 1340.
Lorsque l’expédition française arriva à Tornio, la ville détruite pendant la grande guerre du Nord (1700–1721) venait juste d’être reconstruite. Dans les années 1730, la Tornédalie comptait environ 520 habitants.
L’expédition fut hébergée dans les chambres de bourgeois et des gens de l’église et fréquentait ces gens. La discussion avait lieu principalement en latin. Seuls quelques habitants de Tornio parlaient le français.
En hiver particulièrement, les membres de l’expédition avaient du temps pour la vie en société.

Dans les années 1730, la Suède vivait une période d’interlude entre les guerres
Au temps de l’expédition de Maupertuis, La Finlande actuelle faisait partie du royaume de Suède.
La période de la grande puissance suédoise s’était terminée par la grande guerre du Nord et sa grande bataille décisive à Poltava en 1709. La Russie avait occupé la Finlande dans les années 1714–1721. Cette période fut bientôt appelée la grande colère.
Les russes n’ont pas envahi la Tornédalie de manière permanente, mais ils ont fait des attaques répétées dans la région. La ville de Tornio fut désertée pendant quelques années alors que ses habitants fuirent en Laponie, dans les villages proches et jusqu’à la capitale de Stockholm.
La rive supérieure s’en sorti mieux que la ville de la guerre. Dans les années 1730, la population de Tornédalie a connu une forte croissance. Lorsque l’expédition de Maupertuis faisait des allers-retours sur e fleuve du Torne, l’habitation était concentrée principalement sur les bords du fleuve.
1741 la Suéde était à nouveau en guerre contre la Russie. Á cette époque, la Tornédalie était affectée non seulement par la guerre, mais aussi par les faible récoltes et les épidémies.
La Tornédalie faisait partie de la province de Västerbotten


Le fleuve du Torne était une voie de communication
La raison principale pour laquelle l’expédition construisit le réseau de triangulation sur les monts entre Tornio et Pello était le fleuve. Cette voie facilitait les déplacements entre les points de mesure. Les instruments lourds et de grosse taille étaient plus faciles à transporter dans les bateaux.
Les embarcations étaient légères selon les Français, et leurs rameurs courageux et infatigables. Les compétences des rameurs locaux de parcourir la plupart des rapides du Torne impressionnèrent les Français.
Selon l’expérience de Réginald Outhier, il n’y avait aucun habitant sans bateau à Tornio.
En hiver, la voie était parcourue en traîneau tiré par les chevaux. Les routes hivernales étaient marquées par de jeunes arbres, et les lieux des rapides étaient contournés par terre.

Les activités de subsistance de la Tornédalie
La vallée fluviale de Tornio jusqu’à Pello était principalement une zone habitée par la population paysanne, mais la population des Sames y vivait et s’y déplaçait également.
Les habitants des presbytères et les personnes au service de l'armée étaient pratiquement les seuls aristocrates – des membres de la haute société, du clergé et de la bourgeoisie – à l’extérieur de la ville de Tornio. Leur mode de vie ne différait pas vraiment de celui des paysans plus riches.
L’élevage de bétail était l’activité principale de Tornédalie en raison des prairies côtières fertiles. L’orge poussait en majeure partie dans les champs pendant la courte saison de croissance. Outhier décrit à plusieurs reprises dans son ouvrage les prés de « très-bel orge à épi rond ».

Dans les plus grandes demeures de la vallée fluviale, il y avait un receveur général des finances, officier de l’État, et selon les estimations, en 1738, en moyenne deux chevaux, 10–15 vaches et 20–30 moutons.
Les Sames faisaient du commerce avec les bourgeois de Tornio qui remontaient le fleuve au moment du marché.
Selon les observations de Maupertuis, les gens vivaient de pain, de beurre et de lait caillé. L’alimentation était complétée par la viande de renne et le poisson.
Les cours des maisons étaient de forme carrée dans la campagne de Tornédalie, écrit Outhier. Les pièces étaient semblables à celles des villes. Outre la grande salle de séjour et la cuisine, les maisons avaient généralement deux pièces que les voyageurs avaient à leur disposition pour la nuit.
Obtenir une place pour passer la nuit n’était pas un problème pour les Français. Aussi bien Outhier que Maupertuis écrivent que la population locale était extrêmement hospitalière et avait partagé le peu qu’elle avait.

Image de l’impitoyable nature sauvage nordique
Maupertuis parle dans son ouvrage de la Tornédalie comme étant la Laponie. Du point de vue administratif, la Tornédalie n’était pas la Laponie à l’époque, mais elle faisait partie de la province de Västerbotten.
La Laponie était déjà considérée comme exotique en ce temps-là, et Maupertuis n’hésita pas à exploiter cela en érigeant de sa personne une image d’aventurier arctique. Le voyage de recherche est resté dans les annales précisément pour la mesure de degré de la Laponie.
Le portrait que Maupertuis avait fait peindre de lui avec les manteaux de fourrure lapons de rennes, les gants et chapeaux de fourrure et le paysage hivernal en arrière-plan indiquent bien comment les conditions nordiques et la culture nordique étaient perçues comme intéressantes en Europe centrale.

Sources:
Maupertuis, Pierre Louis Moreau de. “Kirje herra d’Argensonille”. Trans. Osmo Pekonen. Maan muoto ynnä muita kirjoituksia Lapista. Ed. Osmo Pekonen. Väyläkirjat, 2019.
Maupertuis, Pierre Louis Moreau de. “Kirje Verteillacin kreivittärelle”. Trans. Osmo Pekonen. Maan muoto ynnä muita kirjoituksia Lapista. Ed. Osmo Pekonen. Väyläkirjat, 2019.
Mäntylä, Ilkka. Tornion historia. 1. osa, 1621–1809. Tampere, 1971.
Outhier, Réginald. Matka Pohjan perille. Maupertuis Foundation and Väyläkirjat, 2011 (orig. 1744).
Pekonen, Osmo. “Johdanto: Maan muotoa mittaamassa”. Maan muoto ynnä muita kirjoituksia Lapista. Ed. Osmo Pekonen. Väyläkirjat, 2019.
Pekonen, Osmo. La rencontre des religions autour du voyage de l’abbé Réginald Outhier en Suède en 1736–1737. Lapin yliopistokustannus, Rovaniemi, 2010.
Teerijoki, Ilkka. “Väkiluku ja väestön rakenne 1600- ja 1700-luvulla”. Tornionlaakson historia II. 1600-luvulta vuoteen 1809. Eds. Olof Hederyd et al. Tornionlaakson kuntien historiakirjatoimikunta. Jyväskylä, 1993.
Teerijoki, Ilkka. “Maatalouselinkeinot ja maatalouspolitiikka”. Teoksessa Tornionlaakson historia II. 1600-luvulta vuoteen 1809. Eds. Olof Hederyd et al. Tornionlaakson kuntien historiakirjatoimikunta. Jyväskylä, 1993.
Vahtola, Jouko. “Tornio - vuosisatojen portti Lappiin ja länteen”: https://www.tornio.fi/wp-content/uploads/2018/02/Torniohistoria.pdf
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